La peur de partir .

Pas facile aujourd'hui .

J'ai une mémoire émotionnelle qui s'est réveillée cette nuit , et je déguste .

Je ne maîtrise plus rien du tout .

 C'est mon système nerveux autonome , je sais , je sais tout ça .

 Mais qu'est ce que ça change de savoir , docteur ,  d'avoir compris ?

Rien , le chaos émotionnel est là .... Je l'observe , bien que je sois  complètement anéantie .

Je suis comme tétanisée .  J'ai des nausées, mal à la nuque et n'ai qu'une envie , celle de rester au fond de mon lit .

Je pars demain pour la Suisse pour une longue période .    Je laisse derrière moi des êtres chers  et cela me fend le coeur .

Particulièrement une vieille tante qui est anéantie , elle aussi par mon départ . Cela me peine  de la laisser , je suis déchirée .

Mon compagnon me faisait remarquer qu'elle devait avoir peur de ne plus me revoir , parce qu'elle avance en âge .

Houla, qu'est ce qu'il a été me dire là ....bonjour les idées qui me sont passées par la tête .

J'ai été malade toute cette nuit .  C'est à chaque fois pareil , avant chaque départ  il y a une mémoire inconsciente qui fait surface et qui m'emmène dans des  coins obscurs et douloureux de  mes neurones

Et c'est chaque fois la nuit que cela se déclenche ce phénomène  .

" C'est du Pluton, mal défini "....dirait mon professeur d'astrologie .

Avec ça , je ne suis pas plus avancée .  Qu'est ce que ça change d'avoir compris , Monsieur Le Professeur ?

 C'est comme quand on vous dit " c'est une sciatique " .  OK, on est arrivé à le nommer , mais est ce que la sciatique disparaît , comme par miracle ?

Je me sens mal et je broie  du noir ce matin .    Oh, j'aime pas ça .

J'ai toujours tellement de mal à partir .   C'est douloureux de quitter ceux qu'on aime , douloureux de quitter ses habitudes aussi .

Et pourtant qu'est ce que j'ai bougé dans ma vie .  Et à chaque fois , je vivais  le même chagrin, le même désarroi , la même angoisse.

Il me semble que cela devient de plus en plus insupportable . 

Cela doit être une mémoire ancestrale , une information archaïque qui fait surface .  Je vous dis cela , parce que c'est ce que m'ont dit plusieurs thérapeutes .    J'ai même entendu parler de "magma chaotique mortifère" 

 Mais je fais quoi avec ça , quand ça se réveille , ces messieurs/dames thérapeutes ? .

Hier , j'ai pris la résolution d'affronter mes peurs , de les prendre pour ce qu'elles sont: des émotions passagères !

Oui, mais quand elles sont de passage ....elles sont dévastatrices , nom d'une pipe .

Alors, j'aimerais qu'elles ne me secouent plus autant ou même plus du tout , tant qu'à faire .  

A chaque fois , je suis dans un état lamentable , j'angoisse à mort et je n'ai plus envie de rien .

J'aimerais déjà  être dans quelques jours pour ne plus être dans ce tsunami émotionnel ....

C'est trop éprouvant .  C'est trop fort chaque fois .   Pourquoi je n'arrive pas  à dépasser cette peur du changement ?   Pourquoi ?

Pas de démocratie sans travail sur soi

J'ai lu, il y a quelques jours,  des  propos recueillis par le site de  l'école du possible  au sujet du dernier livre ,au titre évocateur de "Qui suis je ? Ou cours tu ? A quoi servons nous ? ",  de Thomas d'Ansembourg . 

Le titre  a particulièrement retenu mon attention : " pas de démocratie sans travail sur soi" .

      

Bon, euh  ... clairement , j'ai du pain sur la planche en matière de travail sur moi .  La  démocratie c'est pas encore tout à fait ça ,  dans les faits   ( je veux dire la  paix intérieure )   En théorie , oui ...en pratique , c'est une autre question .  Les luttes intérieures font encore partie de mon quotidien .     Mais je ne vais plus me flageller  pour ça . 

Je vais plutôt décider d'un plan d'action ( n'est ce pas dans les moments de décision que notre avenir prend forme ?)   

1ière résolution :je vais  commencer par  accepter que certaines peurs m'habitent .  Je vais  les affronter et rester  attentive aux émotions qu'elles suscitent en moi .   Il semble que c'est un besoin qui n'est pas entendu et que j'étouffe .  Comme la plupart d'entre nous . 

 

reconnaître  ses émotions , c'est déjà pas une mince affaire .  Parce que cela signifie prendre de la distance avec elles .   Prendre conscience que ce n'est juste qu'une émotion et ne pas l'alimenter encore . Or, souvent nous nous identifions complètement à l'émotion qui nous submerge et ....c'est parti pour la boucle dans nos pensées , qui ne feront que se renforcer jusqu'à devenir une obsession . 

 

Simple en  théorie , pas si simple que cela en pratique de reconnaître ses émotions 

   

Sinon,  nous serions déjà tous  des " saints- démocrates" et cela se saurait, n'est ce pas ? 

 

Suffit  de porter son regard vers  l'extérieur pour comprendre que la peur domine notre monde .   Normal , nous sortons de siècles de guerres et de terreurs . Les livres d'histoire nous en parlent .

 

C'est toujours" l'autre" qu'on combat , qu'on souhaite conquérir,  soumettre ou éliminer  ...  Dominant, dominé .  Pour moi, cela se résume à des luttes de territoire et de pouvoirs sur ce territoire .

 

L'enfer, c'est l'autre  ! c'est  celui qui est différent de nous par le sexe, par la race, par la culture , par la mentalité .....   C'est celui qui n'est pas en tout point pareil à nous .  Cela agace !

   

Nous , non aucun problème  ...nous n'avons rien à nous reprocher !   C'est l'autre , le perturbateur , la cause de tous les maux

. 

C'est ce que j'entends autour de moi

.  

Mais sans l'autre qu'est ce qu'on ferait ?    Vous savez vous ? 

Moi, je trouve qu'on s'ennuierait drôlement sans l'autre .     ( il me vient à l'esprit que la tenue d'un blog est révélatrice de ce besoin de l'autre )

 

Et soudain au lieu que l'idée d'affronter mes peurs me fassent peur ,  ou honte ou que sais je ..... j'ai  ri, toute seule devant mon écran ,  parce je me suis souvenue d' une conversation récente  avec un ami .   Nous parlions de  notre difficulté de nous harmoniser et de comprendre nos différences , entre hommes et femmes .  Nous philosophions !  

 Cet ami  m'a dit " quand je cherche à communiquer une  idée,  je commence toujours en démocrate  et je termine en dictateur "       Nous avons ri tous les deux ,  parce que je venais de lui dire qu'il me semblait que je commençais toujours  avec les meilleurs intentions du monde, habitée d'un idéal de fraternité et d'égalité ,   quand je m'adressais à "l'autre"  et je terminais très souvent en procureur-général .  A faire la morale  !

  

Alors si cela commence déjà en chacun de nous , qu'est ce qu'on fait ?    Ben , on commence par soi .  

  . 

Cet article m'a sérieusement rafraîchi la mémoire et me recadre sur le travail sur soi  et plus particulièrement sur un travail sur les émotions , en ce qui me concerne .

 

Oui, ce sont les émotions qui m'intéressent .  Elles sont une clef , me semble t'il .  

.         

2e résolution  :  ne plus  juger .  (   " ne juge point et tu ne seras point jugé" ) 

    

Allez, je vais essayer .  Avec  ces deux résolutions , j'ai de quoi faire   (  c'est curieux , je le vois plutôt comme un jeu , j'ai l'humeur gaie en écrivant ce soir )

 

Jouons à ne pas juger l'autre  et à rester attentive aux émotions que cela suscite en moi ...sans me juger également

.   

C'est assez stimulant , je dois dire ...vu sous cet angle !    

mon père .

Mon petit Papa , il m'attendrit .

il aime que les choses soient "justes" .   C'est le mot que je l'entends dire le plus souvent .   ( et c'est le mot que je dis le plus souvent aussi - comme par hasard )

Je l'ai eu au téléphone hier soir  et il était inquiet .   Inquiet parce qu'il avait entendu à la radio que le territoire Suisse devenait de plus en plus petit , et que l'Italie devenait plus grande, semble t'il .

Je ne lui ai pas posé la  question de l'origine du "rétrécissement " de la Suisse ,  mais j'ai supposé que le  réchauffement planétaire y était pour quelque chose .

Et qu'est ce qui m'a attendrit ?

C'est qu'il était inquiet parce que je suis très régulièrement en Suisse , que j'y pars dans quelques jours pour plusieurs  mois .

Il m'a dit avec humour  " tu comprends ,cela m'atteint de plein  fouet parce que j'ai de la famille en Suisse " .

J'ai reconnu une peur typique de mon père .  La perte du territoire , la perte d'un petit bout de territoire .  C'est le problème qu'il a eu avec moi , quand j'y pense .  Il avait une difficulté à m'accepter sur son territoire .  Parce que j'étais rebelle et que je ne me pliais pas à son diktat .

Un autre  jour ,lors d'un repas entre amis et en présence de mon père , un de ces amis qui résidaient dans un pays du sud de l'Europe parla des "magouilles" commerciales  de certains notaires .  Mon père riait , c'était loin , ce n'était pas " chez nous"   Là dessus , j'ai dit que cela se passait chez nous aussi et que j'en avais été  personnellement témoin et ...victime .

Ce pauvre homme était abattu .  Je l'ai vu les larmes au yeux , il disait " ce n'est pas possible , pas chez nous " .  Encore une fois , pas "chez nous" , pas sur son territoire !

Il a presque 80 ans .  Il a servi l'Etat en Afrique et en Europe .   C'est  un homme dévoué à la cause d'Etat  , un homme de devoirs , ingénieur des mines .  Un esprit très carré , trèèèèès carré .

Le nombre de discussions que nous avons bien pu avoir , lui et moi .  Je n'étais jamais d'accord.  Ce qui était "juste" pour lui , n'était jamais "juste " pour moi .

Et vous savez quoi ?   Cela m'a émue , terriblement émue ...ce qu'il disait là mon père  , parce que malgré qu'il m'agace avec ces certitudes , c'est mon papa et que je l'aime .