07/10/2009
Et si mon rêve devenait réalité ?
Aujourd'hui j'ai envie de vous raconter un peu plus de mes expériences de vie .
De qui voulez vous que je parle le mieux , si ce n'est de moi et de mes expériences ?
C'est RADIO MOI , sur ce blog . Vous l'aurez remarqué sans doute .
En Afrique , j'ai dirigé une société de service de plus de 250 personnes . Je n'avais jamais de gros problèmes relationnels et savais très bien m'adapter au jour le jour .
On disait de moi " Madame, elle fait ce qu'elle dit , et elle dit ce qu'elle fait " . Je sais que j'inspirais confiance . Oui, j'avais le sens de l'engagement et il était important pour moi de montrer l'exemple . Comme si c'était ma mission ! Quelque chose de paternaliste , pourrait on dire ! OK je laisse dire . Je m'y suis tenue envers et contre tout .
C'était une période de ma vie très enrichissante . Je porte l'Afrique et les africains dans mon coeur . J'ai grandi parmi eux , j'avais 1 an quand mes parents s'y sont installés et j'y suis restée 35 ans au total .
J'ai beaucoup appris en Afrique . Je me demande d'ailleurs si je n'y ai pas tout appris de la réalité de la vie . L'Afrique a été mon école de vie , j'ai expérimenté la vie sur le terrain ...en joies , en peines , en souffrances , en conflits . J'ai connu les guerres ethniques , les rebellions , les évacuations vers l'Europe . J'ai connu aussi la joie de vivre et la chaleur humaine , typique de l'africain . Demain est un autre jour !
Tout ce que je viens de citer c'est la vie , en somme . Vraiment la vie , dans sa réalité cruelle et dans sa belle réalité .
Le système D ( débrouillardise ) a nourrit ma créativité en permanence . C'est obligé . Il fallait se débrouilller avec les moyens du bord . Parfois sans eau, sans électricité 23h/24 h avec une chaleur avoisinant les 45° .
Et en matière de système D , j'ai fini par m'y connaître . Faire aller sa créativité , c'est ça ou rien ! On est dans la vie ! Parfois très dure, mais on est dans la réalité de la vie !
(en vous racontant cela , il me vient à l'esprit l'image d'un oiseau en cage ...ok il est nourrit , il est à l'abri ....mais est ce qu'il vit sa vie d'oiseau, est ce qu'il peut déployer ses ailes et voler ? Et bien quand je pense à l'Europe maintenant , je pense souvent à ça ...je vois des oiseaux en cage ! cage dorée ? )
Je revis souvent cette période heureuse et mouvementée de ma vie quand je croise un Africain . Et quand il me dit " tu es des nôtres , je te reconnais "... j'ai le sourire au coeur pour le reste de la journée .
C'est vrai, je suis imprégnée à tout jamais , je suis une africaine au fond de moi et j'en suis fière et reconnaissante .
De retour en Europe depuis quelques années , cela a été le fiasco pour moi . Complètement déboussolée . Je me suis rendu compte que ma manière de fonctionner était tout à fait inadaptée sur le continent européen .
J'avais la croyance que tout ce que les gens disaient en Europe étaient vérité , que nous étions ici dans des pays dit "civilisés" , avec une organisation propre en ordre !
Que tous les européens étaient des "exemples" . J'ai donc baissé ma vigilance, ai eu confiance dans des paroles , dans des promesses . Les belles paroles me faisaient rêver , cette espèce d'idéal d'absolu , les beaux discours ! J'ai cru qu'en Europe il faisait bon vivre , que je pouvais poser mes valises tranquillement , que j'approchais de cet idéal humain . Les beaux discours !
J'étais naive , dans tous les sens du terme . Pas de magouilles et embrouilles en Europe , c'est ce que je croyais ! Pas de dangers , je vais pouvoir me laisser vivre et ne pas être sur le qui-vive en permanence !
Et bien , cela a été le contraire . J'ai été de surprise en surprise .
C'était plus subtil que cela ! Il y avait embrouilles et magouilles à de nombreux échelons , mais c'était caché ! Ce que je voyais était propre en ordre , ce qui était caché ...c'est autre chose ! Le danger , la peur et la précarité était partout . C'était une autre sorte de danger et de peur que celle que j'avais connue en Afrique , mais elle rongeait les gens de l'intérieur , me semblait il .
Comme dirait Anne Roumanoff " on ne nous dit pas tout " Tout était dans le subtil et ce que ce subtil cachait .
J'étais donc totalement inadaptée avec mes croyances à l'eau de rose sur les pays dit "civilisés " . En Afrique le problème est visible , on est dans dans la survie au jour le jour .... mais en Europe le problème est caché, toutefois beaucoup de gens sont dans la survie tant physique que morale au jour le jour ! Une espèce de violence intérieure , une violence cachée . J'ai ressenti beaucoup de solitude et de désespoir ....cachés ! C'était du non visible !
Alors j'ai voulu comprendre , comprendre les subtilités du langage non verbal . Qu'est ce qu'on me cache ? Pourquoi je me sens si triste ici , pourquoi je me heurte à des gens fermés , à de l'incompréhension ?
Et je me suis relancée dans les études . Je suis passionnée par la nature humaine . Il me fallait comprendre le systèmes de pensées des uns et des autres . Je me suis particulièrement intéressée au fonctionnement neuro-linguistique et neuro-biologique . J'ai suivi des formations tant et plus , toutes dans le domaine du développement personnel , de la neuro-linguistique et sémantique , du décodage biologique .
Et je me suis prise de passion pour l'astrologie . Oui, une passion sans cesse renouvelée , dès que je confronte un thème avec la réalité de ce que je vois de la personne , je suis émerveillée . Je n'en parle plus trop avec mon environnement proche , parce que cet environnement est scientifique et donc cela entraîne chaque fois un tel débat ...que je l'évite de plus en plus d'essayer de convaincre . C'est ma passion , un point c'est tout .
Donc à force d'étudier, d'interroger et de regarder autour de moi , je suis enfin arriver à comprendre ... à comprendre , j'ai bien dit . Comprendre n'est pas encore suffisant , m'est il apparu . Parce que oui, il y a un mais .
un grand MAIS
A chaque fois que je voulais me lancer dans la relation d'aide à l'autre et mettre à profit mon expérience africaine et mes dernières formations en Europe , je rencontrais une difficulté majeure . Une difficulté insurmontable à mes yeux ! Je n'arrivais pas à me tenir à distance du problème de la personne . Je faisais comme qui dirait un contre-transfert .
Impossible de ne pas faire autrement , inconsciemment , je prenais tout sur moi , le problème de l'autre devenait mon problème et m'envahissait entièrement . ( c'était comme j'avais fonctionné en Afrique, mais là cela ne me posait aucun problème )
J'avais beau avoir suivi toutes les formations possibles ...je retombais immanquablement dans cette difficulté . Et la maladie s'est incrustée tout doucement dans mon corps , à force de problèmes et de problèmes .
Difficile dès lors de faire un métier dans la relation d'aide à l'autre , puisque je me laissais envahir par le problème de l'autre , je souffrais , et finissais par m'épuiser .
A en tomber malade vraiment . Que fallait il faire ? Parce que le comble, c'est que la personne que j'aidais , en face de moi allait de mieux en mieux .
Alors elle en redemandait . Et moi, je me sentais obligée d'y répondre . Jusqu'à que ....je me cache en dessous de mon lit pour ne pas me montrer , parce que je n'en pouvais plus . Et que je n'osais pas le dire .
Je n'arrivais pas à aller au bout de mon engagement , épuisée que j'étais ....
Et pour moi ne pas aller au bout de mon engagement , c'était terrible . Je culpabilisais tant et plus .
J'étais dans un cercle vicieux épouvantable .
Et à chaque fois la maladie me sortait de mes obligations !
Ouff, je me disais .....je n'ai pas abandonné, c'est la maladie qui m'y oblige ! La maladie me sauvait de l'emprise que le problème de l'autre avait sur moi en quelque sorte .
J'ai fini par me dire , je laisse tomber, je n'essaie même plus - je m'amuse avec mes thèmes astrologiques dans mon coin et je laisse tomber - tout . J'arrête et je vis pour moi uniquement . Donc repli sur moi et solitude obligée . Souvent au fond de mon lit , tellement mon corps me faisait souffrir . Je n'osais plus m'engager à nouveau . Peur de l'échec , peur de moi-même .
Alors , lors d'une consultation en neuro-sémantique , j'ai expliqué mon incapacité à réaliser ce rêve d'accompagnement thérapeutique , à cause de ce problème récurrent . J'ai dit que j'arrêtais tout , que telle était ma décision . Que j'étais totalement incapable d'aider qui que ce soit !
Ce n'était pas l'avis de mes formateurs , ni de mes amis proches pourtant . Mais pour moi , c'était une évidence !
Quelle est ta difficulté ,m'a demandé ce formateur ? Qu'est ce que tu n'arrives pas à dépasser ? C'est que je ne sais pas voir souffrir l'autre , sans souffrir avec lui et cela se met dans mon corps de manière inconsciente . Je sens les souffrances cachées . Et ici en Europe , il y en a des souffrances "cachées" et des solitudes désolantes , qui m'attristent tellement que cela me rend malade . J'arrête , ce n'est tout simplement pas possible pour moi !
Le thérapeute-formateur m'a dit " C'est de l'empathie . C'est bien ça . Il te faudrait uniquement arriver à te distancer du problème de la personne, à rester à ton bout "
Et là, le formateur m'a demandé : Et qu'est ce que tu aimes dans la vie ? Très spontanément, j'ai répondu " j'aime apprendre , découvrir, comprendre "
Alors, il m'a dit quelque chose de cet ordre : Et si quand tu "sens" les personnes souffrir , au lieu de te dire que tu "souffres " de leurs souffrances , tu te dis "j"apprends des souffrances des autres ". Donc apprendre ...au lieu de souffrir .
Sachez que je suis restée sceptique .... très sceptique ....
Un petit mot pouvait il arriver à changer mon regard sur la personne et donc mon ressenti interne ? Je demande à voir !
Il m'a fallu du temps pour intégrer cela . Il m'a vraiment fallu du temps et encore quelques maladies , des soubresauts continus de mon corps aussi ...pour que ce mot fasse effet en mot . Oui, parce que je suis de celle qui ont besoin d'éprouver pour comprendre ( comme un certain St Thomas ) .
Mais effectivement ce mot là à changer quelque chose en moi . "Apprendre de " ....au lieu de " Souffrir de" !
Oui, je me rends compte que cette phrase était restée présente à mon esprit . Elle était là bien en place , sinon je ne vous en parlerais pas aujourd'hui .
Elle a donc fait son chemin !
Et j'ai, effectivement , constaté toute cette semaine que quelque chose était en train de changer dans mon corps . Que j'arrivais à me distancer de la souffrance et de certains mots qui avant m'auraient blessée . C'est mon corps qui me le dit , pas ma tête ! Mon corps est resté calme cette semaine , tant face aux souffrances de mes proches qu'à des déceptions en rapport avec ma fille . J'arrive aussi à dire NON de mieux en mieux , sans culpabiliser . Alors un OUI peut devenir un réel engagement , en connaissance de cause , me suis je dit .
J'ai vu le sourire des gens que j'ai accompagné cette semaine , et mon compagnon m'a dit hier " tu es vraiment le soutien inconscient de tes proches " Ces mots m'ont fait plaisir , parce qu'ils m'ont fait prendre conscience que je n'avais pas souffert dans mon corps cette semaine , bien que je les avais accompagnés .
Serais je enfin arrivée à me distancer , serais je arrivée à une sorte de détachement nécessaire ?
L'avenir me le dira . En tout cas, cette semaine a été une semaine agréable pour mon corps .
J'ai appris de mes souffrances dans mon corps . Inévitablement, j'apprends à connaître mes limites, à me respecter avant tout chose. Ce n'était plus possible autrement , dirais je . C'est donc mon corps qui m'a aidée .
Et je sens que le moment est venu de partager de que j'ai appris. J'avais très envie de recommencer à accompagner mon prochain .Je n'ai plus d'obligations familiales . Oui, j'ai envie de m'engager à nouveau ....
Cela me fera apprendre encore , d'accompagner l'autre sur son chemin d'évolution .
Grandir ensemble , accompagner l'autre ....tel a toujours été mon rêve !
Appelons cela coaching, thérapie, accompagnement, gestion du stress, révélateur de talents ...peu importe . Il y a eu de tout sur la carte de visite . J'ai même un jour voulu mettre " philosophe de quartier" . C'est de l'ordre de la relation à l'autre et au sens de la vie .
Une sorte de maman "thérapeutique" , ça me plaît beaucoup tiens ( je souris en disant cela )
C'est une grande joie pour moi , d'être en relation avec l'autre , les autres .Je n'ai pas été dans le "service " tant d'années pour rien , semble t'il . Tout a servi pour être qui je suis aujourd'hui , il me fallait sans doute passer par la souffrance pour mieux comprendre celle des autres . Il me fallait sans doute ce temps d'arrêt sur moi . Il me fallait écrire sur ce blog .
Je ne sais pas . Tout semble avoir un sens . Un sens caché !
Je sens que quelque chose se transforme en moi . Que j'ai moins mal .
Alors, je rêve de devenir une maman thérapeutique ....pour ceux qui veulent de moi .
P.S. Maman thérapeutique : est ce que ce n'est pas un pléonasme ? Non, les mamans sont parfois trop envahissantes .... les thérapeutes doivent, en principe , garder la distance et libérer l'autre . Vous voyez la différence ? Tout est dans la différence , non ?
15:31 Publié dans thérapie-journal | Lien permanent | Commentaires (10)
Commentaires
Face à cet article, je préfère m'effacer. Je pose néanmoins ces quelques mots pour que tu saches que je t'ai lu, lu comme je t'aurai écouté silencieusement, respectueusement, si tu avais été en face de moi.
Merci.
Écrit par : hicham | 07/10/2009
Merci à toi , Hicham . Merci de ta présence silencieuse et oh combien précieuse ! je t'embrasse .
Écrit par : julie à Hicham | 07/10/2009
Je te dirais simplement que lorsque nous sommes à notre place, tout prend son sens.
Bonne route vers TA place.
Écrit par : Luc | 07/10/2009
Julie, je t'ai lue avec une grande attention...
Oui il semble que tu fais un fameux chemin pour trouver ta juste place vàv des autres...
Suis contente de lire que ton corps te laisse de plus en plus tranquille
Je t'embrasse
Écrit par : Coumarine | 07/10/2009
Merci beaucoup Luc . Ca me touche ce que tu dis là : TA place ! Amitiés à toi .
Écrit par : julie à Luc | 07/10/2009
Merci à toi aussi , Coumarine . Oui, les choses bougent dans le bon sens . C'est à l'intérieur de moi que cela se passe , semble t'il , et mon corps se calme de plus en plus . J'espère , Coum, j'espère que j'ai bien intégré la leçon et que je ne dépasserai plus mes limites . Sache que mon blog m'a fait du bien aussi et que des gens comme toi qui sont venus commenter régulièrement m'ont aidée à grimper les dernières marches , vers l'apaisement de mon corps .Je me souviens comme tu étais à l'écoute quand mon corps me faisait mal . Merci vraiment .
Je t'embrasse et te souhaite une bonne nuit .
Écrit par : julie à Coumarine | 07/10/2009
Trouver sa place. La bonne. C'est loin d'être facile.
Mais il faut se faire confiance. Et se dire qu'on peut y arriver.
C'est ce que je te souhaite du fond du coeur !
Belle soirée !
Écrit par : naline | 08/10/2009
je ne sais pas très bien ce que le formateur-thérapeute voulait dire...mais l'empathie ce n'est pas tellement ce que tu décris de ton vécu...
l'empathie est une attitude thérapeutique consistant à percevoir et comprendre les ressentis de l'autre, par une forme de présence/distance à lui.
si elle s'accompagne de contagion émotionnelle, cela gène beaucoup l'aide que l'on peut apporter... car justement la personne qui requiert de l'aide n'a nul besoin de réveiller des souffrances chez son thérapeute... !!
cela dit je comprends très bien ce que tu peux vivre. Et notamment toutes les conséquences d'avoir quitté l'Afrique. j'ai un peu l'impression que l'on ne s'en remet jamais tout à fait...
Écrit par : alainx | 09/10/2009
Bonsoir Naline ,
. Tu as raison que ce n'est pas si simple de trouver sa place. La "bonne" , comme tu dis ! Et comme toi je me dis que je peux y arriver . En tout cas , j'en rêve comme tu as pu le lire . Un grand merci pour te souhaits et très bonne soirée !
Écrit par : julie à Naline | 09/10/2009
J'ai pris des raccourcis , à ma sauce, en me racontant , Alain , parce que lorsque j'écris ici je laisse venir les mots comme ils viennent . Tu sais, je ne sais pas écrire comme tu écris et n'ai pas ton expérience de la thérapie . Ce que tu dis est exactement ce que je voulais dire , mais pas avec la précision qui est la tienne en la matière . En quelque sorte , tu viens mettre un peu d'ordre dans l'emploi de mes mots . Tu n'as pas tort ainsi j'apprends .
En fait, le formateur me disait que j'avais un avantage du fait que je n'avais aucun problème à être en empathie avec l'autre . Il a dit cela pour m'encourager , je suppose . MAIS ( et c'est vraiment un grand mais ) bien entendu restait cette difficulté de la contagion émotionnelle ...qui vraiment me caractérise ! Je n'arrivais pas à mettre la bonne distance , ni à me "protéger" .
Bonne soirée , Alain .
Écrit par : julie à alainx | 09/10/2009
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