10/09/2009
la boîte à souvenirs
Pour les deux notes précédentes ( fille- mère) , j'ai fermé les commentaires , spontanément .
Pourquoi je fais cela ? Je ne le sais pas . Pourquoi j'ai publié ces écrits ? Je ne le sais pas non plus , juste que j'ai senti le besoin de le faire.
Il a suffit de trois fois rien ce matin, de quelques mots échangés , pour que j'ouvre la boîte à souvenirs . Et pas du bon côté . Du côté " irrésolu " . Et j'ai ressenti le poids de l'absence de ma fille. Le poids du conflit . J'aimerais régler ce différend . J'aimerais tourner la page du passé . Ne plus rester dans une dynamique qui détruit plus qu'elle ne construit . Tourner la page des rancoeurs et des conflits inutiles .
Parce que oui, ma fille est partie voilà maintenant bientôt 7 ans pour vivre sa vie , loin de moi et de son père . Elle repousse le contact et dit se sentir envahie .
Je comprends cette sensation d'envahissement , pour l'avoir vécu avec ma mère . Mais à force de compréhension, j'ai le sentiment d'être abusée. De l'avoir quelque part trop épargnée . A force de compréhension , je pense que j'ai contribué à lui donner raison en quelque sorte . Je culpabilisais sans arrêt en pensant être une mauvaise mère , parce que trop " pathétique" disait elle . Son père l'épargne aussi .
Et je n'accepte plus cette attitude . Ma patience a des limites et je sens que les limites sont atteintes . Alors qu'est ce que je fais ?
Souhaite t'elle que je disparaisse ? Souhaite t'elle que son père disparaisse ? Je n'ai jamais eu de réponses à ces questions . Elle ne VEUX pas en parler . Elle fuit tout simplement le contact . Je ne vois aucune issue dans ce conflit . J'ai beau écrire ...elle ne répond pas . J'ai beau appelé , elle ne répond pas .
Dès lors qu'une des parties ne souhaite plus le contact , faut il continuer d'espérer ? Dois je forcer la rencontre ? Ou faire le deuil de mon enfant ?
Je n'attends aucune compassion, je suis très lucide en écrivant . Ce qui est , est . Juste que je me pose ces questions, qu'elles tournent dans ma tête ... et que j'essaie encore et encore de comprendre .
Parfois je me dis , il n'y a peut-être rien à comprendre . Alors c'est de la méchanceté pure et simple . Et le coeur n'y est pas alors , c'est le mental qui a pris le dessus . L'ego ! Il y a quelque chose de cruel dans son attitude . Oui, j'ose dire cela .
Avant , jamais je n'aurais osé . De peur de passer pour une mauvaise mère . Ca ne se fait pas de la part d'une mère de dire cela de sa fille ! Une mère se tait . Une mère se sacrifie , voyons .
En tout cas, plus moi !
Ce qui est , est ..et si je suis une mauvaise mère . Eh bien , je me rendrai à cette évidence alors . J'ai fait tout ce que j'ai pu , en mon âme et conscience . J'ai été jusqu'au bout où je pouvais aller . Là, je ne peux plus . C'est une voie sans issue . Je quitte le navire des rancoeurs familiales , même s'il me faut pour ça nager à contre-courant .
Qui m'aime me suive .
15:28 | Lien permanent | Commentaires (17)
Commentaires
Le sacrifice n'a jamais aucune justification car il propage la culpabilité.
Dans un conflit chacun a sa part. Sa part d'éloignement, de jugement, d'agression, de douleur, de peine. Chacun a sa part de responsabilité. C'est un système qui se construit à plusieurs et qui gonfle de tout ce qui s'ajoute en lui.
De la même manière, un conflit se règle à plusieurs. Chacun doit faire sa part. Là encore tu ne peux être responsable que de ton bout de la relation.
Si ta fille ne veut pas, tu ne peux pas vouloir à sa place, que ses raisons soient justes ou non, que les tiennes soient valables ou non.
Ne te juge pas, ne la juge pas, à un moment donné il faut passer à autre chose et garder une porte ouverte ... ou non. C'est ta seule responsabilité aujourd'hui.
N'oublie pas de vivre, aussi.
Écrit par : Luc | 10/09/2009
"n'oublie pas de vivre " ...ça me parle ! Merci , Luc . Tu parles de responsabilités et de chacun son bout de l'écharpe ...t'as raison . Nous sommes dans le rationnel . Tant que je suis là dedans je tiens la route . Dès que l'émotion s'en mêle , tout devient irrationnel et je pars en vrille . J'ai beau savoir . Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas .
Écrit par : julie à Luc | 10/09/2009
Tu as raison, ça n'arrête ni la douleur ni les souvenirs. mais ça permet d'avancer toujours un petit peu plus jusqu'à ce que tout cela s'estompe, se calme, et n'empêche plus de vivre.
Amitiés à toi.
Écrit par : Luc | 10/09/2009
Faire confiance est un pari selon moi et, dès lors que l’on pari sur quelqu’un ou quelque chose (y compris sur les membres de notre propre famille), il faut à l’avance accepter l’éventualité de perdre.
Concernant ta relation avec ta fille, je me garderai bien d’exposer un avis sur le fond (dont je n’ai aucune idée), mais concernant la forme j’ai mon point de vue.
Tu sais que dans mon esprit être un Homme, être une Femme, être une mère ou un père relève plus d’un rôle appris, construit, que de « l’inné » selon moi (et oui, j’ai toujours cette conviction). On nous apprend à devenir cela (directement ou indirectement), à nous manucurer ou non, à nous dévouer pour certains et pas d’autres, etc.
Pour l’enfant parvenu à un certain stade de maturité, être « l’enfant de… » est (ou devient) un rôle (dont il aura plus ou moins conscience). Mais pour chacun d’entre nous il est des rôles que nous ne voulons plus tenir (ou pas), et d’autres que nous désirons ardemment conserver (voire améliorer).
L’image qui me vient à l’esprit est celle de l’employé. Il en est qui jamais ne démissionneront, quoiqu’il arrive dans leur entreprise, car ils ont une certaine idée de l’engagement et tiendront à s’y conformer coûte que coûte, fusse au péril de leur équilibre psychologique. De même, il en est d’autre qui, relativisant (ou désacralisant) l’engagement dans le contexte professionnel, n’hésiteront pas à démissionner s’ils jugent cette action bénéfique pour eux. Que ce soit dans une entreprise, dans une famille ou dans n’importe quelle autre communauté d’individu, chacun voit midi à sa porte (en fonction de son interprétation du devoir, de la responsabilité, etc.)
Cependant, vouloir quitter une « place », « démissionner », ne se fait pas forcément de gaité de cœur…
A bientôt Julie
Écrit par : hicham | 11/09/2009
Quand mon moral est au plus bas, je pense à cette phrase de Goethes "n'oublie pas de vivre."
Écrit par : une bloggeuse de passage | 11/09/2009
Julie, j'ai lu avec bcp d'émotions les deux lettres
Et tu sais pourquoi?
Parce que j'aurais pu les écrire
Tu décris exactement ce que je vis avec une de mes filles...
J'ai pris distance avec elle
Pour ME protéger...
mais elle sait (via la fratrie) que je suis toujours là pour elle
dans l'ombre...
Écrit par : Coumarine | 11/09/2009
Hicham ! Quel plaisir de voir ton nom et de te lire ! Merci de venir m'épauler et m'éclairer de ton regard lucide sur les choses de l'esprit . Merci de me donner à nouveau tes réflexions sur le sujet . Ton commentaire m'a fait prendre de la distance des émotions dans lesquelles je restais bloquée . Comme si je me "décoinçais" . Tu sais il m'est venu une image en te lisant , c'est celle d'un ostéopathe qui débloque le corps . Parce que par je ne sais quelle magie, tu m'as débloqué l'esprit . Hicham, ostéopathe de l'esprit ! J'aime , tiens !
Pour revenir à ce que tu dis " faire confiance est un pari et dès lors qu'on fait un pari il faut accepter de perdre " tu mets le doigt sur quelque chose de fort pour moi . Et tu y rajoutes une notion de plaisir avec le mot " pari" . Un pari est un jeu : une connotation ludique qui me plaît . C'est juste , tellement juste . Cette notion d'acceptation . Accepter de perdre ! Si on accepte de perdre , il n'y a plus aucun problème on n'est plus dans le peur de quoi que ce soit . La perte est intégrée !
Alors faire confiance devient avoir confiance en soi ? On ne mise plus sur l'autre , mais sur soi !
Je comprends ce que tu me dis sur l'inné et l'acquis , bien que je ne sois pas tout à fait d'accord avec toi quant au fait qu'être un homme , une femme relève de l'acquis . Maintenant tout dépend du sens donné au mot "acquis" et "inné" Nous avons déjà parlé de cela , non ? Tu sais pour moi être mère ne m'a pas semblé un rôle appris que ce soit avant ou à la naissance de ma fille . Il m'a semblé que tout cela était tellement "naturel" dès que je suis devenue "mère" , que les gestes venaient d'eux mêmes . Je dirais plutôt que nous avons "désappris" de ce côté là , même en ce qui concerne l'homme et la femme . Mais là je rentre dans un tout autre débat .
J'aime l'image que tu me donnes de l'employé qui ne démissionnera jamais ( figure toi que je me reconnais il y a peu encore ) . Et quitter ma place, démissionner...j'en rêvais par moment . Je ne l'ai jamais fait ...mais je suis tombée malade .
Et au moment où je t'écris , je reçois une nouvelle formidable : je suis guérie , totalement guérie d'un cancer .
Je suis gai-ri ! Merci la vie !
Merci à toi aussi Hicham. A bientôt .
Écrit par : julie à Hicham | 11/09/2009
Je te comprends , Coumarine . C'est vrai, c'est pour se protéger . Je suis un peu mal à l'aise avec ce que j'ai écrit . Je voulais tout enlever parce que c'était dans un accès de telle tristesse et désespoir puis soudain d'une colère aussi que j'en devenais agressive, méchante et menaçante . Mais ça c'est moi aussi et je dois l'assumer , cette partie de moi .
Mais tu vois, je vais changer quelque chose à mon billet , en edit , parce que je n'ai absolument pas envie de sauter du navire familial et en plus nager à contre-courant , tout cela pour fuir une famille que j'aime . Faut vraiment être à bout pour dire des choses pareilles ?
C'est ma manière de voir le conflit qui doit changer . Luc et Hicham ont raison et m'ont bien aidée à ce sujet . Déjà que je l'appelle le navire des "rancoeurs" familiales . Peut-être que de débaptiser ce navire et de lui donner un nouveau nom " le navire des rencontres familiales" ne me fera plus avoir ce mouvement de fuite . La rencontre ça change de la rancoeur !
J'ai envie de le dire encore une fois : j'ai appris que je suis totalement guérie ...totalement guérie . Merci la vie !
Je suis sûre que le blog aussi m'a aidée , en partie . Et tous vos commentaires . Personne ne m'a jugée ...vraiment merci , parce que c'était ma grande peur .
Bonne soirée , Coumarine . A bientôt .
Écrit par : julie à Coumarine | 11/09/2009
Bienvenue, bloggeuse de passage . Agréable surprise que de lire un petit mot , laissé par une bloggeuse pour me dire qu'elle est venue , a lu et vit en résonance avec moi les mots " n'oublie pas de vivre" . Vous avez raison . Merci .
Écrit par : julie à bloggeuse de passage | 11/09/2009
Tu as bien raison de te réjouir et, sois-en certaine, je suis ravi de cette nouvelle !
Nos instants sont courts et ne se représentent jamais deux fois. Aussi vis ta joie pleinement et entièrement, c'est le meilleur que je puisse te souhaiter en l'état.
Je t'embrasse
Écrit par : hicham | 12/09/2009
J'ai bien aimé cette entrée ou tu t'autorises à laisser se dérouler des sentiments que d'aucuns (imbéciles qu'ils sont !) jugeraient ne pas être de mise. Les sentiments, même négatifs, ont leur légitimité. Ce qui est plus contestable c'est de se laisser aller à des actes à partir de nos agressivités...
Sur le fond des choses, je pensais à ce texte que tu connais certainement...
Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont les fils et les filles de l'appel de la Vie à elle-même.
Ils viennent à travers vous mais non de vous.
Et bien qu'ils soient avec vous ils ne vous appartiennent pas.
(...)
Un des droits de l'enfant me semble être qu'adulte il peut mener sa vie comme il l'entend, sans référence à nous ses parents et même en s'éloignant de pour une temps plus ou moins long... Et parfois définitivement...
C'est parfois une nécessité absolue pour se structurer personnellement de manière valable.
Que cela fasse souffrir le parent... C'est évident !
Que ce soit dur à vivre... C'est tout aussi évident !
Il se fait que nous avons « mis au monde » l'enfant ; ce qui veut dire que nous l'avons donné au monde, parce qu'il ne nous appartient pas... C'est là toute la beauté et l'abnégation d'être parents...
Écrit par : alainx | 12/09/2009
Julie, vous ne serez pas étonnée d'apprendre que j'ai deux filles
Julie, vous ne serez pas étonnée d'apprendre que je n'ai plus de contacts avec elles
Julie, vous ne serez pas étonnée d'apprendre que j'en ai été malade, coupable...
Julie, vous ne serez pas étonnée d'apprendre que j'ai eu deux cancers
Julie, vous ne serez pas étonnée d'apprendre que je guérie, mais toujours inquiète
Julie, vous serez étonnée d'apprendre que j'ai un ami psy qui s'appelle Hicham !
Écrit par : Caritate | 14/09/2009
Caritate, en vous lisant je suis restée songeuse . Tant de points communs ! Je pensais à tout ce que j'avais lu sur la loi de l'attraction , sur le hasard qui n'en est pas un , sur les points communs qui relient certaines personnes, sur le "hasard" du calendrier aussi ( ça c'est ma passion pour l'astrologie ) , sur les âmes soeurs ...
Et là, vous l'écrivez noir sur blanc . Merci vraiment pour ce commentaire .
Seriez vous étonnée d'apprendre que je "sentais" ce quelque chose qui nous unissait ? Je ne savais pas mettre de mots dessus . C'était "quelque chose" qui nous rendait à la fois si semblables et si différentes , comme vous l'aviez mis dans un commentaire .
Seriez vous étonnée si je vous dis que vous êtes la première personne à qui j'ai pensé si je devais indiqué mes liens virtuels sur mon blog .
Et pour Hicham, je ne suis qu'à moitié étonnée par ce que vous m'apprenez . Vous savez pourquoi ? Parce que vous étiez les deux seules personnes à m'avoir référencée en lien sur vos blogs respectifs dès le début de vos visites chez moi .
Ce qui m'étonne toutefois c'est que c'est un prénom et une consonance qui n'étaient jamais venus à mes oreilles jusqu'ici et là vous me dites qu'Hicham est un de vos amis psy et moi je ressens Hicham comme un grand psy également .
C'est merveilleux , ce hasard . Merveilleux vraiment .
C'est une histoire de liens ! . De liens invisibles ...
Hicham , c'est un prince de l'esprit pour moi ....vraiment !
Et dans le Petit Prince ne dit on pas " l'essentiel est invisible "
Vraiment il n'y a pas de hasard , juste des rencontres qui devaient se faire , je pense , parce que le lien préexistait sans doute ..
Je vous embrasse, Caritate et vous remercie pour votre confiance .
Écrit par : julie à caritate | 15/09/2009
Alain , est ce que j'ose ? Si je veux rester dans la dynamique que je me suis fixée en ouvrant mon blog , il faut que j'ose l'écrire , que j'ose parler de mon ressenti ...
En lisant les extraits du "prophète" de Khalil Gibran .....j'ai ressenti un frustration énorme et je me suis dit " je n'y arriverai jamais, je n'y arriverai jamais ...tout ce qu'il dit là Alainx , je sais bien qu'il faudrait que j'accepte , que je sois comme si , comme ça ....
Et bien je vous le dis " je suis totalement incapable dans l'état actuel des choses de tant d'abnégations . En théorie , oui . En pratique : NON
Et qu'est ce que je fais avec ça ? Le ressenti il est ce qu'il est . Et voilà que votre commentaire m'a encore plus frustrée ...parce que j'avais l'impression de ne jamais pouvoir y arriver à cette abnégation de parents dont vous parlez .
J'ai été jusqu'à dire que c'est plus simple d'avoir un animal , qu'un animal ne vous quitte jamais .... parce qu'il est dépendant et ne nous quittera pas pour vivre sa vie , sans plus donner de nouvelles ;
Pourquoi je vis cette phase de déception et de colère , je n'en sais rien .. mais je la vis bel et bien et je ne décolère pas trop en ce moment . En fait, je suis fâchée sur moi et sur le temps perdu à attendre en vain que quelque chose se passe .
Le temps perdu à oublier de respirer et de dire ce que je pense de peur d'aggraver encore les choses ...
Alors maintenant , je râle et je crie tout cela de plus en plus fort . . Même avec les membres de ma famille . Bizarrement, ils n'ont jamais été si prévenants avec moi . Allez comprendre quelque chose . Parce que vraiment j'ai conscience qu'en matière d'abnégation ....je suis nulle et que je fais , depuis un certain temps maintenant, un crise égoïsmite aïgue , qui ne semble pas encore être à bout de souffle .
Je suis désolée , mais je n'arrive plus ...
J'ai bien réfléchi ...
Pour moi , l'amour inconditionnel ....c'est s'accepter SOI comme on est . Partir de ce qui existe ici et maintenant et accepter cela sans conditions ....
Bien cordialement .
Écrit par : julie à alainx | 16/09/2009
Bonjour Julie ,
C'est idiot , je sais mais je croyais être la seule à être en rupture avec ma fille tellement cette situation est insupportable , tellement j'ai honte de cet état , tellement cela me paraissait impossible , inconcevable . J'ai assisté au mariage de ma fille cachée derrière un buisson parce qu'impossible de trouver des mots pour s'expliquer , comment nous en sommes arrivées là .
La cassure , c'est moi qui l'ai provoqué avec ma famille à la suite de plusieurs humiliations , le ras le bol , le trop plein , je voulais exister pour ce que j'étais , pour que l'on m'entende enfin moi et non pas ce que l'on voulait que je sois . Les années passent , défilent , aucun signe de réconciliation , je me suis chargée de toutes les fautes , je suis l'affreuse , la vilaine , la méchante tant pis , j'essaye de me reconstruire malgré tout en cherchant un sens à ma vie , en sachant que rien n'apaisera mes plus profondes blessures , je colmaterais , j'atténuerais mon chagrin . J'accepte les choix de ma fille , j'accepte sa rancune , sa colère , j'accepte son absence puisque c'est sa volonté parce que loin de moi j'espère qu'elle peut exister aussi à sa guise . Parfois les larmes brulent mes joues , parfois je n'arrive plus à avancer , parfois je ne bouge plus , je ne fais plus rien et puis je bataille avec moi même , je m'accroche , je survis , j'essaye d'être meilleure , d'être en paix avec moi même pour être disponible à des retrouvailles sans rage , sans amertume .
Amicalement
Matinou
Écrit par : Matinou | 18/09/2009
Bienvenue Matinou ! C'est avec beaucoup d'émotions que j'ai lu votre commentaire . Merci beaucoup pour votre confiance et votre récit . C'est un cadeau que vous me faites là et vous me touchez profondément . C'est beau quand vous dites que vous essayez d'être en paix pour être prête au moment des retrouvailles . Comme je vous comprends !
Il m'apparaît que ce sont vos commentaires ( le vôtre et les précédents ) qui me redonnent du baume au coeur et me permettent de mieux accepter ma situation . Je m'aperçois que notre vécu mère-fille n'est pas unique et que je ne suis donc pas une " pestiférée" irrécupérable qui doit disparaître . Une mauvaise mère !
Comme vous , je me croyais un cas unique , jusqu'il y a peu .
Parce qu'il est vrai que personne ne parle de ces choses là . On lit des livres sur les relations mère-fille mais dès qu'on se tourne vers son entourage , personne ne semble concerné !
Moi aussi j'ai connu des humiliations familiales , disons que chez moi c'était surtout de l'abus d'autorité familiale . ( ce blog m'a fait du bien , parce que j'ai pu déjà l'exprimer ça !)
Il fallait faire comme mes parents avaient dit sinon c'était la porte .
Vous avez eu le courage de partir . Je vous admire pour cela . Je n'ai pas eu besoin de ce courage , mon père me mettait à la porte purement et simplement . Souvent sur avis de ma mère .
Je devenais une exilée alors ! Et je me suis tenue à l'écart , parce que je faisais du "mal" . Parce que je ne correspondais pas à ce qu'ils attendaient de moi .
J'ai essayé tant bien que mal de répondre à leurs souhaits . Je n'y arrivais pas et j'en étais malade . Je prenais des bonnes résolutions . A l'université , j'avais tellement peur de rater , que j'étais tétanisée devant les examens . Je perdais tous mes moyens ! Je me rendais compte de la situation mais c'était plus fort que moi . Chaque obstacle à franchir devenait un calvaire pour moi tellement je craignais l'échec et la réaction parentale ( de là la bannière du blog ) .
La sentence familiale était le renvoi pur et simple !
Et bien sûr , je perdais tous mes moyens dès que j'étais en examens et soit j'étais paralysée sur place et perdais la mémoire , soit je m'enfuiais purement et simplement . C'était comme si ma vie en dépendait quand je faisais cela
. Un jour , mon petit ami est venu discuter avec mes parents parce que j'avais raté ma première année d'université , du fait de m'être enfuie . Il voulait plaider en ma faveur et me faire accepter par eux , comme j'étais . Figurez vous que mon père a dit " soit elle sort d'ici , soit je saute par le balcon" .
Alors vous comprenez que je ne voulais pas être la cause de la mort de mon père ! Il m'est arrivé de comprendre un garçon qui s'était suicidé parce qu'il n'avait pas de bonnes notes à l'école . J'ai dit " je comprends, j'ai souvent envie de faire la même chose , mais je n'ai pas son courage . Je me rendais compte qu'il m'était impossible d'être à la hauteur du projet parental . Et pourtant j'avais envie qu'on m'aime et de leur plaire donc . Et je ne voulais pas blesser mes parents
. Mais je n'y arrivais pas . Impossible à devenir celle qu'ils voulaient que je sois . Impossible de rentrer dans le moule familial .Trop d'hypocrisies, de mensonges , trop d'efforts pour faire semblant . Tout cela ne m'allait pas . Cela me rendait malade physiquement même .
Je rêvais que mes parents puissent m'aimer un jour , comme j'étais . Alors , j'ai travaillé dur , n'ai pas eu ce diplôme universitaire qu'avait mon père, suis arrivée très vite à me faire ma place , professionnellement .
Je travaillais pour être aimée, reconnue valable , pour exister au sein de ma famille .
Mais quelque part restait au fond de moi le complexe de n'être pas à la hauteur , de n'être pas intelligente . Ma mère est morte avant que nous ayons pu en parler . Deux jours avant son décès inopiné , elle a dit " Je préfère encore des personnes comme Julie tout compte fait , au moins eux ils disent ce qu'ils pensent" . C'est ma seule consolation
. Parce que croyez moi j'ai culpabilisé d'être " le clou du cercueil de mes parents" ( ça qu'est ce que je l'ai entendu !
) Le comble c'est que maintenant c'est ma fille qui me reproche de ne pas correspondre à l'image qu'elle se fait d'une mère , ou d'une femme . Elle me reproche de ne pas être assez comme si, ou assez comme ça . Elle ressemble beaucoup à ma mère ( et figurez vous que je lui ai donné le même prénom que ma mère ! faut le faire ça , hein ) . Elle voudrait que je sois plus chic, moins pathétique, moins sportive, plus snob , moins diserte , plus intelligente ....enfin , tout ce que ma mère souhaitait aussi pour moi
.Vous voyez comme cela me poursuit !
Et encore une fois je me suis remise à culpabiliser , parce que je ne comprenais pas pourquoi ma fille réagissait comme ça . Jusqu'à ses 17 ans , ma fille et moi nous n'avions aucun problème relationnel . Et puis , elle rentre dans un école très très chic ( sur les conseils de ma mère !) et là ...patatra ...je me suis sentie rejetée . Et ce rejet s'est encore empiré au décès de ma mère . Comme si ma fille avait repris son rôle .
Et je m'en suis voulue , j'ai culpabilisé , me suis chargée aussi de toutes les fautes .
J'ai eu des périodes où je me disais " je n'y arriverai jamais à faire comme il FAUT faire . Qu'est ce que je dois faire pour qu'ils m'acceptent comme je suis ? Qu'est ce que je dois faire ? Parce que je les aime , tant mes parents que ma fille .
. Je ne suis pas comme eux , tout simplement . Disons plutôt que je ne vois pas les choses de la vie comme eux . Et cette différence , mon côté "sauvage" ne leur plaît pas . Je ne suis pas dans les "normes" .( En Afrique, je me suis sentie à ma place . C'est curieux , hein !)
Et je n'arrive toujours pas à y rentrer dans ces "normes" . Parce que je vois que ces normes sont étouffantes et ne sont que des jeux de pouvoirs ....
Je veux rester libre ....et les aimer librement
. Comme vous , je cherche à devenir meilleure . C'est ma motivation principale , à chaque jour qui passe . J'accepte le comportement de ma fille , j'ai beaucoup accepté de mes parents comme d'elle , parce que je comprends ce qui se passe en elle . Par moment , je craque ...elle me manque tellement . Et alors je deviens agressive et je rejette tout en vrac !
Et râler sur elle est souvent plus simple pour moi , que de pleurer et d'hurler qu'elle me manque . Parce que c'est ma petite et que je l'aime !Et que je suis triste que la relation soit si difficile entre nous .Elle me manque , elle m'a toujours manquée quelque part .
J'aimerais tant que les choses soient plus simples et que nous puissions nous comprendre l'une l'autre , nous accepter comme nous sommes ..c'est à dire à la fois si semblables et si différentes .
J'ai compris que nous étions dans un schéma familial, que nous reproduisons chacune à notre manière et avec notre sensibilité . Dans le même schéma, en somme . Il n'y a aucun coupable , juste beaucoup de souffrances et de non-dits .
J'ai " contré" mes parents et j'ai développé un esprit de contradiction exacerbé , je m'en rends compte . Ma fille va dans le sens de mes parents ...et donc elle me contre . Elle reproduit en fait , avec un esprit de contradiction encore plus tenace .
C'est un cercle infernal , duquel j'espère nous sortirons ...à force de travail sur soi
.Je le souhaite à vous toutes qui êtes venues commenter ou qui nous lisez en silence , et je me le souhaite également .
.Cela demande du temps . Le monde ne s'est pas fait en un jour ! Il me faut reconstruire ce qui a été détruit ( voilà ce que je me dis pour me consoler quand le temps me semble long et que parfois je craque comme chacune de nous )
Bien cordialement à vous , Matinou
.P.S. Oh là, votre commentaire m'a permis d'exprimer bien des choses , qui semblent ne pas être encore "digérées " . Merci pour cela aussi . Et mes excuses pour ce commentaire plus long que le billet !
Écrit par : julie à matinou | 18/09/2009
Bonsoir , je viens de tout lire à moins que je ne vienne de tout revivre à quelques détails près ! Je ferais bref parce que j'inonde mon clavier , trop d 'émotions ! Je comprends vos mots et vos maux tellement ils sont aussi les miens , tellement ! Et je suis d'autant plus troublée que ma fille s'appelle Julie .
Je reviendrais vous voir mais là je dois vous avouez que je suis bouleversée !
Je vous embrasse
Matinou
Écrit par : Matinou | 18/09/2009
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