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14/11/2009

Peurs

Grosse peur, hier !

Mon compagnon m'appelle depuis les urgences d'un hôpital  .

Je m'explique .  Depuis dimanche dernier , il souffrait d'une  douleur à " l'estomac"  .   En fait, il a ressenti  dans la nuit du dimanche à lundi une forte  douleur au niveau de la poitrine et a eu la présence d'esprit d'appeler immédiatement les secours .  Il était seul et est resté calme, m'a t'il dit .  ( je l'admire   )  .   Un médecin urgentiste est arrivé chez lui dans le quart d'heure .   Il lui a fait un électrocardiogramme .     Rien d'anormal à signaler ! 

Ouf !

Par acquis de conscience , le médecin lui  fait avaler un comprimé de nitroglycérine . Si la  douleur diminue  après la prise de ce médicament, c'est que la douleur vient du coeur  malgré que l'électrocardiogramme ne révèle pas les signes de souffrance .    Si la douleur persiste , ce ne serait pas le coeur .    Le mal a persisté !  Alors conclusion logique du médecin : "ce n'est pas le coeur, Monsieur - soyez rassuré !"

Ouf !

"Cela doit venir de l'estomac ",  dit-  il .  Très probablement, un ulcère de l'estomac !

Comme c'était de nuit , le médecin lui administre un calmant pour la douleur à "l'estomac" et lui conseille de prendre rendez-vous chez son médecin-traitant , pour des analyses plus approfondies à ce sujet .

Dès le lendemain à la première heure , mon compagnon téléphone à  son médecin-traitant .  Il insiste auprès de son secrétariat  pour parler au docteur des évènements de la nuit passée .    Il arrive à parler au  médecin, qui  lui fournit un avis plutôt rassurant  par téléphone et quelques conseils pour soulager la douleur . Mais son agenda est complet pour le recevoir rapidement .     Aucun rendez-vous n'est disponible avant 3 jours . 

Il obtient donc  un rendez-vous pour la première opportunité : jeudi 12 novembre .  Hier donc !  Et là il subit une  série d'examens ainsi qu'une prise de sang !   Le médecin lui demande  également de faire une radio du thorax ! Par chance , il y a un rendez-vous de  disponible  dans l'après-midi même  , à l'hôpital .

Et c'est en étant sur la  route vers cet hôpital dans l'après-midi ,  qu'il reçoit un appel sur son portable .    C'était le secrétariat de son médecin traitant !   Urgent ,  lui dit on !   Il doit se rendre immédiatement aux urgences de l'hôpital , son dossier a déjà été faxé au complet  et il est attendu de toute urgence .   Il ne  faut pas qu'il traîne !   Soudain , tout devient "urgent" !

" C'est vraiment  urgent , Monsieur ,  lui dit on  parce que votre prise de sang a révélé  des traces ....d'infarctus " !     Oups !

Le coeur , donc !   Quatre jours après les premiers signes  ...vous vous imaginez ?      Quels vont être les dégâts maintenant ?

J'étais en colère , hier .  Fâchée sur le système de santé !  Nous avons des appareils et des techniques  de plus en plus perfectionnés mais quand les agendas des médecins affichent complet , que c'est le week-end, la nuit , et  qu'il n'y a pas de possibilités d'être reçu rapidement , qu'un médecin-urgentiste vous a rassuré tout en vous renvoyant à votre médecin traitant .   Que fait on  alors ?   On fait confiance .  On devient victime du système en quelque sorte .

C'est le destin , diront certains .  Je ne suis pas d'accord avec ce fatalisme là .

Moralité : si vous avez une douleur suspecte , allez à l'hôpital , appelez l'ambulance et surtout écoutez votre intuition .  Insistez ! Et CRIEZ que vous avez mal . Au plus vous ferez  du "bruit"  , au plus on vous remarquera !    Plaignez vous plutôt plus que pas assez , voilà ce que j'en retiens .    Parce que mon compagnon se doutait de quelque chose , mais il n'a pas voulu contrarier , ni mettre en doute  le diagnostic du médecin , ni prononcer  un mot plus haut que l'autre . De mon côté , je me disais que c'était bizarre tout de même ces douleurs à l'estomac ! J'étais inquiète , mais n'ai pas voulu être alarmiste , puisqu'il avait confiance .  Il a  été très faible pendant ces trois jours , il avait mal encore ,  n'avait pas faim et  avait un peu de fièvre .

Ceci étant dit , je vous rassure quand même à son sujet  : après une nuit à l'hôpital , il va bien et se demande ce qu'il fait là  !   Il disait "  je suis rentré en bonne  santé dans cet hôpital et je vais en ressortir malade si ça continue "  Il se rasait dans sa chambre d'hôpital ce matin  , dans l'attente de savoir quels examens il allait subir et combien de jours il devait rester .     Il  aimerait sortir de là au plus vite .   Mais nous sommes le week-end .....alors , il faut de nouveau attendre !

Ah le système !   Tout se résume , dans notre système  actuel , au mot " attendre ".  Files d'attente, liste d'attentes , salles d'attente ...

Je vois partout des files d'attente  , où que je regarde .

Moralité : ne tombez jamais malade de nuit , ni le week-end . Vous risquez "d'attendre" encore plus  longtemps .     Et programmer votre maladie  en fonction de l'agenda de votre médecin pour ne pas trop "attendre" .


Je me sens ...à côté de mes pompes , choquée .     Une impression très désagréable de déjà vu aussi .      Parce que ce scénario m'a rappelé  le scénario de ma maman , qui est décédée d'un infarctus  il y a quelques années .    Et comme par hasard , cela  s'est passé au même endroit  , dans le même hôpital , et c'est le même service d'urgence qui est venu à son chevet .   Parce que oui, ma maman était de passage chez mon compagnon à cette époque .     Troublant !
.
Et tout me revient en mémoire ... comme si c'était hier .    Et je fais face à des peurs incontrolables en ce moment qui m'ont valu , hier , des mots malheureux de la part de mon père .   La tension était trop forte .   Je suppose qu'il pense aussi à la coïncidence et que cela le renvoie à ses propres peurs .

Nous faisons face à nos peurs respectives , m'a t'il semblé .  Nous sommes confrontés  à notre vulnérabilité  et à nos limites .  Pour chacun de nous , je pense .

Nous sommes confrontés à la dure  réalité de la vie !    Et c'est pas facile ces moments là .  Il nous faut les traverser . Mon compagnon est un exemple pour moi , parce qu'il reste calme .  C'est ce qui le caractérise .  Il semble ne pas être concerné , c'est curieux .  Je ne sais pas très bien quoi penser .  Décidément, encore et toujours j'apprends avec lui .   Comment il fait ?   C'est un homme sage et bon , sachez le .

Commentaires

Nous sommes bien peu de choses... et contraints de faire confiance à la médecine. Mais parfois, il est vrai, on se pose des questions !
Je souhaite en tous cas un prompt rétablissement à ton compagnon. J'espère que cet intermède sera vite oublié !

Écrit par : naline | 15/11/2009

Merci pour tes mots qui m'ont fait du bien , Naline . J'ai été émue en trouvant ton commentaire sur le blog . Je ressens , en effet , un grand sentiment de solitude quand je rentre chez moi et je n'ose pas en parler à mes proches . Alors ce petit signe de ta part m'a réchauffée et donné de la force . Comme une petite lumière que je trouve . C'est précieux et je t'en remercie .
Moi aussi , je souhaite que ce ne soit qu'un moment difficile à passer , une épreuve à franchir ( comme sur ma bannière !) et que nous en serons quittes pour une grosse frayeur et quelques émotions déstabilisantes . Nous serons fixés mardi , jour de la coronographie . Bonne soirée et bon début de semaine .

Écrit par : julie à naline | 15/11/2009

Je suis pour la première fois à l'hôpital après avoir reçu le coup de fil sur mon portable m'enjoignant de me rendre à l'hôpital, toutes affaires cessantes. On s'est occupé de moi d'une façon merveilleuse et je suis très reconnaissant au personnel soignant de sa gentillesse et de son efficacité. Je suis dans une chambre commune et nous formons, avec cinq camarades d'infortune, une petite communauté solidaire baignant dans une grande chaleur humaine. Il y a un vieil architecte grec, un portugais qui n'a pas le droit de manger et qui est nourri par les veines, une architecte suisse avec lequel je chantais dans une chorale, il y a presque cinquante ans, un digne Monsieur éthyopien qui attire chaque jour autour de son lit toute la communauté éthyopienne locale, faite de gens gais et sympathiques et un vieux monsieur de 90 ans que ses enfants ont persuadé de se faire opérer pour tenir encore le coup quelques années de plus auprès d'eux.
Que Julie soit rassurée : cette expérience nouvelle est un enrichissement personnel qui me permet de mieux comprendre mon prochain et vivre plus sereinement.
A bientôt, Chère Julie, Kasuku

Écrit par : Kasuku | 16/11/2009

Julie, je viens souvent vous lire....Je suis touchée par votre billet. Je me rends compte combien votre "détresse " est lourde à porter seule...et qu'il est bon de partager.
Malgré tout, nous sommes seuls face à nous même...
Je suis de tout coeur avec vous.
Je souhaite un prompt rétablissement à votre compagnon et je me permets de vous faire deux gros bisous :-))

Écrit par : bernie.83 | 16/11/2009

Merci Kasuku de venir donner les nouvelles sur le blog . Ah, ces hôpitaux qui sont connectés "internet" ! Mais alors je dois bien faire attention à ce que je vais dire , si tu viens lire depuis l'hôpital ?
En tous cas , c'est gentil de venir décrire ton environnement , mon très doux Kasuku. Ainsi les lecteurs se feront une idée plus précise . Figure toi quand même que je me pose la question de savoir si c'est une bonne idée de t'avoir laissé l'accès sur ce blog . Je me suis "piégée" toute seule en m'ôtant un jardin privé , où exprimer mes émotions et mes pensées les plus secrètes
Parce que je n'ai pas ta force de détachement , ni ta capacité de solitude , Kasuku .
C'est fait , c'est fait , mon doux Kasuku . Je ne sais pas revenir en arrière . Sache que j'admire ta force et ce pouvoir de détachement émotionnel que tu as . Je te souhaite " tout de bon" et si cette expérience te permet de mieux comprendre ton prochain et de vivre plus sereinement , c'est tout bénéfice pour ton avenir et le nôtre . Tu auras mieux compris comme chacun de nous avons besoin de chaleur humaine et de Présence . Parce que oui , je crois que tu étais un grand "solitaire", un professeur " tournesol" ... et que d'être dans une chambre commune t'ouvre les yeux sur la chaleur qui peut se dégager d'un esprit d'équipe et de solidarité . Je suis contente que tu puisses vivre cet incident , en y trouvant le positif . C'est formidable et je te reconnais bien là . Tu es vraiment un exemple pour moi . A tout à l'heure !

Écrit par : Julie à Kasuku | 16/11/2009

Bernie, votre commentaire me va droit au coeur . J'ai le sentiment d'être comprise quand je vous lis et cela me fait tellement du bien . Je crois que décidément c'est la chaleur humaine et le "coeur" qui est le plus important de tout . Tout le reste n'est que détail .
Et s'il est vrai que dans les grands moments nous sommes toujours seuls ...je me sens moins seule en lisant votre commentaire chaleureux et réconfortant .
Vraiment vous m'avez fait du bien parce qu'effectivement je porte en moi une peine que je n'arrive pas à bien comprendre et cet incident avec mon compagnon semble avoir "réveillé" cette peine . Le mot "détresse" est le juste mot . Je me le reproche souvent d'être ainsi, mais je ne sais pas y changer grand chose .
Merci aussi pour vos voeux de rétablissement à mon compagnon . Il les lira car vous avez vu.. il est venu sur le blog , depuis l'hôpital ! Malin, hein ! Je n'avais pas pensé à cette éventualité .
Je vous embrasse aussi , Bernie

Écrit par : julie à Bernie | 16/11/2009

"C'est un homme sage et bon". On a l'homme qu'on mérite, Julie. Je lui souhaite un prompt rétablissement, qu'il puisse très vite vous cajoler !!!

Écrit par : Cari Li | 16/11/2009

Merci CariLi , je transmettrai le message ou peut-être le lira t'il ?

Écrit par : julie à CariLi | 16/11/2009

Bonsoir Julie , j'imagine l'inquiétude et la frayeur que vous avez du avoir !
Criez que vous avez mal , me revient en mémoire ma première hospitalisation en urgence , j'étais dans une salle d'attente à genoux ou effondrée sur deux chaises et la personne de l'accueil me demandant si j'avais mes étiquettes parce qu'elle ne pouvait rien faire sans les étiquettes lollll, ce qui m'a sauvé c'est l'interne de passage qui soudain me bascula sur un brancard , me poussa dans un couloir , me fit un examen rapide , me mit à toute vitesse sous morphine , une heure plus tard j'étais sous anesthésie , mais hormis les étiquettes , je fus veiller toute la nuit et choyer pendant dix jours par un personnel exceptionnel . Je crois que mes proches ont eut peur mais nous n'en avons jamais parlé , peut être trop peur ont ils eut !
Je crois qu'une situation de crise , nous rend à notre individualité , vulnérables , impatients , dévorés par la trouille , nous voudrions être uniques et notre demande prioritaire , l'attente est insupportable parce que nos états se confondent avec ceux des autres . Je crois que le personnel est formé à la distance avec l'urgence et le plus souvent sait l'évaluer .
Et nous , nous sommes amenés à gérer nos émotions et comme tu le décris si bien nous passons par toutes sortes d'états , du passé , au présent , de la peur à l'apaisement .
Bon courage à vous deux , que ton compagnon se repose , et se rétablisse , que ton inquiétude s'apaise .
à bientôt
Je vous embrasse
Matinou

Écrit par : Matinou | 16/11/2009

Merci , Matinou pour ces mots d'accompagnement qui me font très plaisir . Surtout qu'au moment où je vous réponds je sais que mon compagnon est hors de danger , que tout est sous contrôle parce qu'on lui a placé deux stents cet après-midi . Je suis soulagée et heureuse ce soir .
Je relisais à l'instant ce que vous aviez écrit et j'aime beaucoup ce que vous dites " nous voudrions être unique et notre demande prioritaire , l'attente est insupportable parce que nos états se confondent avec ceux des autres . Je crois que le personnel est formé à la distance avec l'urgence et le plus souvent sait l'évaluer " . C'est exactement ce que nous expérimentons également dans la vie à chaque crise, à savoir cet état de vulnérabilité et d'impatience qui fait qu'on n'arrive plus très bien à mettre nos émotions à distance !
Pour certains encore plus que d'autres . Je fais partie de ces certains qui doivent apprendre à gérer leurs émotions ...pour ne pas que leurs émotions les gèrent .
Quand j'exprime sur ce blog, j'arrive à mettre un peu à distance l'émotion qui m'envahit .
J'apprends chaque jour , pas à pas .
Merci aussi pour votre témoignage sur votre première hospitalisation . Je lis que vous aussi vous étiez choyée par le personnel . Mon compagnon tient les mêmes propos et est très admiratif . .
J'ai moi-même été opérée en février dernier et je garde un très bon souvenir de l'ensemble du personnel soignant , j'ai ensuite été dans un centre de revalidation et là aussi , j'étais choyée comme jamais je ne l'ai été . J'avais une chambre , vue mer et je prenais plaisir à monter le lit très haut pour voir les marées . Je serais bien restée un peu plus longtemps ! ( on s'amuse avec ce qu'on peut )
A bientôt , Matinou . Je vous embrasse

Écrit par : julie à Matinou | 17/11/2009

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